THE END est un film document-témoin de la situation dramatique des petits exploitants de salles de quartier dont la quasi totalité ont dû démanteler leur salle de projection. Dans les 19 communes formant l’agglomération bruxelloise il ne subsiste qu’une ou deux salles de cinéma dont l’avenir est plus qu’incertain. Ce film se veut un constat d’une situation réelle que l’essor nouveau du CINEMA feint d’ignorer. Dans l’apparente indifférence générale ces salles témoins de notre enfance et souvent derniers refuges de solitudes, disparaissent à tout jamais. Au nom du sempiternel « progrès » qui tue sur son passage tout ce qui n’est pas « classé » s’effacent ces temples de l’image qui nous firent découvrir et aimer LE CINEMA. En Italie et ailleurs on ferme les églises faute de curés, de paroissiens, la foi se fait rare. En Belgique et ailleurs on ne se contente pas de fermer les cinémas, on les démolit, on les réduit, on les divise, on les subdivise au nom sacro-saint de la rentabilité. C’est là un acte de barbarie puisqu’il y a barbarie à chaque fois que l’on nuit à la Culture d’un peuple, d’une époque. Pour célébrer les images des dieux il faut des temples qui permettent de projeter sa foi, pour visionner les images des hommes il faut des cinémas, des projecteurs et pas seulement des récepteurs comme certains voudraient nous le faire admettre. Aussi une fois n’est pas coutume nous avons tenu ici à mettre à l’affiche les ex-façades des cinoches des quartiers bruxellois, soutenus dans notre entreprise par Jacques Ledoux – Conservateur de la Cinémathèque Royale de Belgique – et gardien vigilant de la Mémoire du Cinéma qui nous parlera de ses craintes et de ses espoirs en ce domaine ainsi que de Pierre Gueulette – exploitant survivant – que nous avons suivi pas à pas dans sa journée hebdomadaire du jeudi qu’il consacre à son « marché » de bobines d’images. Ce film entièrement réalisé à partir de photos – technique qui nous permet de montrer un maximum de choses en un minimum de temps – s’attirera sans nul doute les foudres de quelques uns mais qu’importe! Le CINEMA appartient à tous autant qu’à eux.