Prague aujourd’hui, Prague libérée. Un homme s’y promène et nous fait parcourir sa vie. Un homme s’arrête et nous parle théâtre et Tchécoslovaquie d’aujourd’hui. Otomar Krejca, fils de paysan, a gardé de son enfance dans la nature le sens de ses racines et du cycle des saisons. Très tôt, sa vocation de comédien l’attire vers la capitale. Il sera acteur, metteur en scène, chef dramatique au Théâtre National de Prague, première scène de Bohème. En 1965, il crée sa propre troupe, le ZA BRADNOU – Théâtre Derrière La Porte – qui connaîtra une renommée internationale. Le Printemps de Prague et l’installation du régime soviétique sonnent la fermeture de sa prestigieuse compagnie. L’ultime représentation de « La Mouette » de Tchekov sera saluée par 57 minutes d’applaudissements. Et l’exil commence, ili durera dix-huit longues années durant lesquelles Otomar Krejca créera ses spectacles sur de nombreuses scènes européennes. « J’aime les comédiens », dit cet homme qui reconnaît sa filiation à Stanislavski. Krejca qui ne vit que pour le théâtre a su insuffler à celui-ci toute la dimension du vivant. Il a monté les pièces de Tchekov, de Shakespeare comme personne. Ses collaborateurs, le dramaturge Karel Kraus, les scénographes Josef Svoboda et Guy-Claude François, illustrent par leurs images et leurs propos le parcours passionnant de cet artiste humaniste. Dès son élection, Vaclav Havel confia un nouveau théâtre au créateur de soixante-neuf ans qui entre vivant dans la légende de son pays. Otomar Krejca nous parle ému de ses projets. Une nouvelle vie commence. Un printemps en hiver… le bonheur.