Journal de l’hiver 2003 à la BEUNE, un hameau de trois habitations où ma mère vit seule dans sa maison. Les voisins, René et Jackie ont quitté leur ferme du hameau pour partir en maison de retraite. Ma mère regarde encore souvent par la fenêtre, espérant voir René faire son tour quotidien, en vain. Un « automatisme », comme elle dit, un court moment d’espoir avant que l’absence ne s’impose. Le quotidien qui se vide petit à petit, la vie qui bientôt se termine. A la maison de retraite René regarde inlassablement le ciel, chaque jour changeant. Au rythme du tic-tac de la pendule, qu’ils ont ramenée de chez eux, les souvenirs remontent doucement, l’enfance, la nature, les livres, le temps, les voisins, les animaux. La vie tente une dernière incursion mais les mots deviennent plus lourds quand il s’agit du monde rural qui lui aussi se meurt doucement. Et puis le constat amer comme une litanie « c’est comme ça la vie » Derrière les mots et les silences se dessine une histoire du temps qui passe et qui nous voit vieillir, nous et nos proches, tandis que les éléments naturels qui nous entourent content les cycles de la vie.