La ville de Bruxelles repose silencieuse sous la neige. Une file d’attente de personnes longent les murs d’un bâtiment immense, évoquant l’Office des étrangers. À l’intérieur, les chaises se remplissent, des noms et des numéros sont appelés. Dans les salles d’interrogatoire, qui prennent l’allure de drames en huis clos, des questions sont posées tour à tour aux personnes qui attendent depuis le matin. Leur droit d’exister en Belgique est remis en question.
Mais ces interrogatoires ne sont pas des entretiens officiels de l’Office des étrangers. C’est un exercice. Dans le bâtiment occupé par le collectif La Voix des Sans-Papiers, les porte-paroles préparent les membres à l’épreuve qui les attend, à travers des jeux de rôle et des simulations. Ici, ils apprennent à se mouvoir et à parler au sein d’un système qui réprime systématiquement leurs droits.
À la fin de la journée, à l’étage, la grandeur du bâtiment se révèle peu à peu. On mange, on boit, on garde le silence. Les porte-paroles, privés de sommeil, se penchent sur un plan, déjà en train d’imaginer leur prochaine occupation.
Ce film ouvre une fenêtre sur deux mondes, miroirs l’un de l’autre : les salles d’interrogatoire, où la bureaucratie dicte sa vérité, et les chambres où une autre vérité se répète, non pas comme un acte de défense, mais comme un exercice de vérité.